La transformation écologique ne pourra pas avoir lieu, ni la sécurité alimentaire être assurée, sans une gestion optimale des ressources en eau qui préserve leur qualité.
Eau et énergie : couple sous tensions
La transition réussie vers les énergies décarbonées dépend aussi d’une gestion économe de la ressource en eau, prévient l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Dans le rapport Introduction au nexus Eau-Énergie, publié en mars 2020, elle décrypte les interactions Eau-Énergie, de façon à découpler la demande croissante d’électricité de celle liée aux besoins en eau.
En effet, l’eau est largement utilisée dans la production d’électricité pour refroidir des installations industrielles, dans l’extraction des matières premières minérales ou encore dans l’irrigation des cultures destinées à la production de biocarburants.
Mal négociée, cette transition énergétique peut être facteur de stress hydrique accru : certaines énergies ou techniques alternatives comme les biocarburants ou le captage du carbone se révèlent très consommatrices d’eau. Ainsi en Chine, l’intensification du stress hydrique due principalement au dérèglement climatique et à l’accélération de l’urbanisation a des incidences sur les technologies de refroidissement, qui reposent par ailleurs encore largement sur la production d’électricité à partir d’énergie fossile.
Au niveau planétaire, l’AIE pointe également les capacités grandissantes de production d’eau potable à partir des techniques de dessalement d’eau de mer et de traitement des eaux usées, très consommatrices d’électricité. Elle alerte :
D’ici à 2040, les besoins en énergie dans le secteur de l’eau auront doublé.
Transformation écologique : Eau et sécurité alimentaire, même combat
Préserver la qualité de l’eau et assurer la sécurité alimentaire participent d’un même combat. Avec un rappel que soulignent les auteurs de l’ouvrage collectif Un défi pour la planète (sous la direction de Patrick Caron et Jean-Marc Châtaignier), publié en 2018 mais toujours d’actualité : l’eau ne manque pas sur la planète, c’est l’accès à l’eau potable et à l’assainissement qui reste difficile pour quelque 2,4 milliards de personnes, selon l’OCDE.
Faute d’investissements pour renouveler des infrastructures hors d’usage ou en construire de nouvelles, une eau de mauvaise qualité provoquera malnutrition et maladies.
Fait aggravant, ces manques d’eau et de nourriture qui touchent les populations les plus pauvres sévissent dans les mêmes zones géographiques.
Garantir une alimentation saine pour tous (Objectif de développement durable n°2) en développant un secteur agricole responsable, et assurer l’accès de l’eau et à l’assainissement au plus grand nombre (ODD 6) sont des objectifs étroitement corrélés à prendre en compte. Pour peu qu’on veuille atteindre les ambitions de l’Agenda 2030 des Nations Unies,
exhorte Patrick Caron, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et président du Groupe d’Experts de haut niveau du Comité des Nations unies sur la sécurité alimentaire.