Lorsqu’une majorité des citoyens doute de la réindustrialisation, des plans de relance, des engagements pour le climat, comment faire émerger une économie décarbonée sans renoncer à la croissance ? Les solutions existent. Antoine Frérot et Estelle Brachlianoff, de Veolia, ont participé au 8e Sommet de l'Économie sur “Les nouvelles routes de la croissance”, le 2 décembre au Palais de Tokyo à Paris.
Les villes sont-elles asphyxiées ? Selon le PDG de Veolia Antoine Frérot, des solutions existent pour réduire les pollutions de l'air en ville. Elles sont à la fois politiques, économiques, techniques et financières. Comme pour la pollution de l’eau des rivières, des progrès considérables ont été faits : dans la Seine à Paris, on recensait 3 espèces de poissons en 1975 contre 41 en 2019. En 45 ans, les principaux polluants ont été éliminés de manière efficace.
La pollution de l’air est le phénomène le plus aigu aujourd’hui pour la santé humaine : Il faut distinguer deux grands types de pollution de l’air : les particules fines qui sont dangereuses pour la santé (7 millions de morts par an dans le monde selon l'OMS) et le CO2 qui impacte le climat. Par ailleurs, à l’intérieur des bâtiments recevant du public, la pollution de l’air est plus forte qu'à l'extérieur. Des solutions existent pour dépolluer l’air intérieur et restent à déployer : en France au Raincy (région parisienne), Veolia traite et renouvelle l'air dans les salles de classe des écoles, et cela coûte 5 euros par élève et par mois. On sait aujourd’hui que les particules fines polluent l’air extérieur en ville à partir de trois sources d'émission : les pots d'échappement des véhicules ; l’abrasion des freins qui émettent des particules, comme par exemple ceux des rames de métro ; et les émissions des cheminées individuelles et industrielles qui pourraient être équipées de filtre.
Recycler pour moins émettre de CO2
Toutes les activités humaines émettent du CO2, et notamment la production de biens. Pour limiter les émissions, il faut recycler le plus possible de produits et fabriquer les nouveaux produits avec des matières recyclées, comme les plastiques et les métaux (une bouteille d’eau en plastique recyclé, c’est 70% de CO2 en moins). Il faut décarboner les énergies, en utilisant les énergies vertes (la biomasse et les énergies renouvelables) et capter la chaleur perdue partout où cela est possible. Les solutions pour capturer le CO2 résiduel et le réutiliser sont à inventer, comme par exemple fertiliser les sols. Veolia, avec les activités de Suez, va développer ces solutions.
Il faut aussi réinternaliser le coût de la pollution. Avec le principe pollueur-payeur, dépolluer coûtera moins cher que polluer. Tout le monde veut vivre dans un monde propre. Dès lors que nous ne pourrons plus vivre en polluant la planète, nous ferons ce qu'il faut pour la dépolluer, a rajouté Antoine Frérot.
« Au-delà des réglementations, ce sont les solutions qu'il faut dupliquer et démultiplier. »
Estelle Brachlianoff, directrice générale adjointe en charge des opérations de Veolia, a participé à un débat avec trois dirigeantes d'entreprise face à Yannick Jadot, candidat du Pôle écologiste à l’élection présidentielle française de 2022, sur le thème : “Les candidats [à la présidence] face aux femmes chefs d’entreprise”.
En tant que champion mondial de la transformation écologique, notre métier c'est l'écologie des solutions. Nos clients nous demandent tous les jours des solutions concrètes où le consommateur se réconcilie avec le citoyen. Un exemple : en Vendée (France),Veolia réutilise les eaux usées en rechargeant un réservoir naturel pour produire de l'eau potable. La ressource en eau est trop précieuse pour n'être utilisée qu'une seule fois. En Espagne, c'est déjà 15% des eaux usées qui sont réutilisées. Dans le Languedoc (France), Veolia irrigue des vignes avec des eaux usées traitées pour préserver la nappe phréatique.
En Europe, nous avons un modèle qui repose sur des partenariats. Notre modèle est différent du modèle chinois plus étatique et du modèle anglo-saxon plus privé. Mais au-delà des réglementations, ce sont les solutions qu'il nous faut dupliquer et démultiplier partout dans le monde. Par exemple, pour recycler les batteries des véhicules électriques, Veolia avec Renault et Solvay a construit un pilote industriel pour en extraire le nickel, le cobalt et le lithium. Cette solution produira des matières premières localement et créera de nombreux emplois, a conclu Estelle Brachlianoff.