La 20ème édition des Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence s’est déroulée en format digital à Paris. Baptisée pour l’occasion “Aix en Seine”, cette édition a réuni, du 3 au 5 juillet, 300 experts dans 50 sessions autour de trois défis : créer les conditions d’une société dynamique et solidaire, construire un plan de relance après la crise sanitaire, et renouveler les relations européennes et internationales. Le PDG de Veolia, Antoine Frérot, est intervenu samedi 4 juillet, aux côtés notamment de Ilham Kadri, présidente de Solvay, et de Valérie Masson-Delmotte, Vice-présidente du GIEC, sur le thème de « la transition écologique, moteur de l’innovation ». Pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris - soit +1,5° à +2°C en 2100 ou bien une division par 4 des émissions de CO2 en 2050 - la transition écologique doit être le moteur de l'innovation.
Des innovations sociales et institutionnelles accéléreront la transition écologique
Pour Antoine Frérot, les crises, qu’elles soient écologiques ou sanitaires, favorisent et accélèrent toujours les innovations : la nécessité défait la norme ou le convenu et impose de nouvelles solutions. Ainsi, Veolia a été créé il y a 170 ans, pour apporter de l’eau saine aux populations à la suite de l’épidémie de choléra qui ravageait les villes et trouvait sa source dans l’eau insalubre : une époque où Pasteur disait « nous buvons 90% de nos maladies ». De même, dans la Seine il y a 40 ans, il n’y avait plus que trois espèces de poisson alors qu’aujourd’hui il y en a 30 : quand on les cherche, on sait trouver des solutions.
« On connaît déjà de nombreuses solutions techniques pour la transition écologique. Ce qui manque, c’est notre capacité à les généraliser. Et pour cela, nous avons besoin d’innovations sociales et institutionnelles. Pour les émissions de gaz à effet de serre (GES), il faut adopter la même logique que celle qui a été utilisée pour l’eau il y a 50 ans. Il faut rendre plus cher le fait de produire en polluant que de produire proprement. Et donner un coût à la pollution par une redevance sur les émissions qui servira à aider et subventionner partiellement ceux qui dépolluent », a expliqué le PDG.
Cette redevance, déployée à l’échelle de l’Europe, devra être complétée par une taxe carbone aux frontières qui incitera les producteurs non européens à dépolluer pour accéder au marché. Utiliser le produit de cette redevance pour aider à dépolluer, réduira les surcoûts des dépollueurs et accélèrera la transition écologique.
Localiser de nouvelles activités de recyclage contribuera à la transition écologique
Pour déployer les technologies de la transition écologique, les “nouvelles mines” de cette révolution sont locales : ce sont nos déchets. Toutes les activités de recyclage qui donnent une deuxième vie aux matières premières, extraites dans d’autres pays et utilisées localement, émettent beaucoup moins de gaz à effet de serre que la transformation de matières premières vierges importées.
Produire une bouteille d’eau en plastique recyclé émet 70% de CO2 en moins que produire une bouteille à partir de plastique vierge. La proportion économisée est encore plus forte avec les métaux ou le verre. Veolia projette de construire avec Solvay une usine de recyclage des batteries où le recyclage des métaux sera réalisé par Veolia et la fabrication de nouvelles batteries recyclées par Solvay.
Disposer localement de batteries usagées qui seront une ressource à recycler deviendra un avantage économique que la France n’avait pas dans les industries traditionnelles. Il ne s’agit pas de refaire ce que d’autres font mieux que nous ailleurs : il ne faut pas relocaliser, mais plutôt localiser de nouvelles activités de recyclage qui, elles, contribueront à la transition écologique , a conclu Antoine Frérot.