Conférence de l’Institut Veolia sur les « Villes résilientes » : comment les villes s’adaptent aux risques

L'Institut Veolia a organisé mardi 18 décembre une conférence-débat sur les « villes résilientes » à l’occasion de la parution de sa revue dédiée au même thème.
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Jean-Christophe Levassor, directeur de La condition publique, Guillaume Josse, urbaniste du groupe Huit et de Wexity, Eric Lesueur, président de 2EI Veolia et David Ménascé, directeur du cabinet Azao et professeur à HEC, ont exploré les principaux risques auxquels les villes sont aujourd’hui confrontées et la manière dont elles se préparent à y faire face.

 

Alors que 70% de la population mondiale vivra en zone urbaine en 2050, les villes sont aujourd’hui confrontées à des risques majeurs : changement climatique, catastrophes naturelles, crises sanitaires, perte d’attractivité, déclin industriel, chômage, etc. Dans ce contexte, leur résilience - “capacité à se remettre des chocs et à poursuivre son développement” - devient un enjeu central des politiques urbaines.
 

Il ne s’agit plus de prévoir l’imprévisible, mais de se préparer à y faire face

Nicolas Renard, directeur de la Prospective de l’Institut Veoliaa introduit la conférence en rappelant que la densité démographique et les échanges humains augmentent la vulnérabilité des villes. Les territoires urbains concentrent ainsi les chocs imprévisibles, les catastrophes naturelles ou technologiques et les stress chroniques qui affaiblissent le tissu social et économique.

Les villes se redécouvrent vulnérables et doivent garantir la sécurité des habitants - notamment les plus pauvres, plus exposés aux catastrophes et moins résilients à eurs impacts - et protéger leur patrimoine économique, social, environnemental et culturel. Pour les villes, la question n’est plus de prévoir l’imprévisible, mais de se préparer à y faire face, c’est-à-dire devenir résilientes.

Intégrer toutes les parties prenantes, renforcer la cohésion et nouer des partenariats 

Trois intervenants ont présenté leur contribution, dans différents contextes, à l’amélioration de la résilience des villes.

Pour Jean-Christophe Levassor : « À Roubaix, qui a été touché de plein fouet par la crise économique, le laboratoire La condition publique, établissement public de la Métropole européenne de Lille, accueille une communauté créative et d'innovation sociale qui rassemble les citoyens dans toute leur diversité. Ce lieu, à mi-chemin entre musée, lieu associatif et lieu de resocialisation, recrée du lien entre les acteurs du territoire. Cette politique innovante accompagne la rénovation urbaine et augmente la résilience du territoire.»
Guillaume Josse, urbaniste du groupe Huit et de Wexity, a présenté la façon dont les villes des pays émergents mettent en place des solutions résilientes plus sociétales. Dans ces villes qui manquent d'infrastructures, de maintenance et de ressources, y compris l'accès au financement, la résilience passe avant tout par les citoyens qui doivent faire face aux différents chocs et stress. « A Kinshasa (République démocratique du Congo) qui accueille 500 000 nouveaux habitants chaque année, ou à Lagos (Nigeria) avec ses 20 millions d’habitants, ce sont les moyens de financement qui font le plus défaut pour construire la résilience urbaine. Par contre au Kenya, l’initiative « Build a bridge » permet de réunir les politiques publiques et l'action des citoyens. »
Eric Lesueur a présenté les solutions de Veolia en matière de résilience : « En tant que gestionnaire de services, présent sur le long terme par ses trois métiers et ses solutions d’économie des ressources, Veolia accompagne les villes en matière de résilience. Le Groupe est partenaire de l’initiative 100RC qui permet d’identifier les enjeux de résilience dans 100 villes du monde… Un exemple : Veolia développe des solutions d’aménagement durable, comme l’agriculture urbaine qui permet de produire localement et de manière inclusive : comme à Lille dans un quartier défavorisé avec le groupe Sodexo. La résilience se renforce aussi par une plus grande cohésion de tous les acteurs de la ville : Veolia a créé une vingtaine d’incubateurs qui soutiennent des entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire. »

Comme l’a rappelé David Ménascé, la « résilience urbaine » s’appuie sur quatre composantes : un cadre stratégique d’action, un processus de réparation clairement défini, un modèle économique viable pour financer les solutions et un état d’esprit des populations pour soutenir les initiatives.

La revue de l’Institut Veolia, parue à l’occasion de la conférence - rassemble analyses et exemples autour de trois thématiques :  

  • Accroître la résilience impacte le développement des villes

Dans les villes d’Afrique subsaharienne, la résilience urbaine s’étend non seulement aux risques (technologiques, terroristes, alimentaires), mais aussi aux stress chroniques (vieillissement, effritement du lien social par accroissement rapide de l’urbanisation, etc.), et s’accompagne d’une approche communautaire de la gestion des risques. Dans les pays développés, les villes en décroissance démographique et économique (shrinking cities), comme la ville de Détroit, repensent leur gouvernance pour plus de résilience. En Europe, mieux coordonner les populations réfugiées dès leur arrivée, par l’accès au logement et la participation citoyenne, augmente la résilience des villes d’accueil, comme le montre l’exemple de Hambourg.

  • Accroître la résilience par différentes stratégies innovantes

Les villes « vertes », plus responsables sur le plan environnemental, sont plus attractives et plus résilientes car elles s’appuient  sur une économie dynamique et un environnement urbain vert et inclusif. L’urbanisme résilient privilégie des projets plus petits basés sur des « flux faibles» , où les distances sont réduites et les mobilités moins nombreuses. A partir d’initiatives citoyennes, l’acculturation des populations aux risques leur permet de mieux réagir aux catastrophes naturelles. Par exemple, en cas de crise (catastrophe naturelle, attaque terroriste, etc), des groupes sur Facebook permettent aux citadins de s’organiser pour optimiser les opérations de secours et rendre la résilience plus collaborative.

  • Accroître sa résilience devient une opportunité pour la ville

Lancée en 2013, l’initiative 100 Resilient Cities de la fondation Rockefeller, offre un soutien financier et l’accès à un réseau de ressources et de partenaires. Elle a déjà permis de créer 90 postes de « directeur de la résilience » et d’élaborer 40 stratégies de résilience urbaine. De nouveaux outils comme les Resilience Bonds permettent de financer la réduction des risques en amont et les actions post-catastrophe.

Cette conférence fait suite au Colloque sur les territoires résilients organisé en 2017 par La Fabrique de la Cité et l’Institut Veolia, au Centre Culturel de Cerisy-la-Salle.