Les 26 et 27 janvier derniers, une cinquantaine d’experts de l’accès à l’eau et à l’assainissement dans le secteur humanitaire ont participé à la 2e édition des Ateliers WASH (Water, Sanitation and Hygiene) de l’humanitaire, organisée par la fondation Veolia et le Partenariat Français pour l’Eau (PFE). Objectifs : dresser un état des lieux en matière d’innovation dans l’accès à l’eau et à l’assainissement dans le secteur humanitaire. Et partager les bonnes pratiques notamment en Ukraine, au Pakistan, au Liban ou encore au Kenya.
Collaborer pour innover
Innover dans l’action humanitaire nécessite de plus en plus de collaboration entre les acteurs concernés. C’est l’objectif que se donne la fondation Veolia qui met la transformation écologique au cœur de tous ses projets :
Elle développe et finance Saniforce 500, une solution low energy de traitement des boues fécales pour 500 personnes. Ce projet, mené avec l'université ETH de Zurich en Suisse, repose sur un prototype testé à Kisumu, au Kenya, qui réutilise le biogaz issu du traitement anaérobie des boues pour en éliminer les pathogènes. Une innovation sanitaire décisive pour l’humanitaire.
Avec le dérèglement climatique, les tempêtes tropicales s’intensifient et causent plus de dégâts. Après la tempête Fiona qui a frappé la Guadeloupe en septembre 2022, les équipes de la Pirac - la plateforme d'intervention régionale de la Croix-Rouge française soutenue par la fondation Veolia - ont obtenu de l'Agence Régionale de Santé une certification “eau potable” pour une Aquaforce 2000 : une première en France pour cette unité mobile utilisée dans un contexte sensible lié à la pollution des sols au chlordécone. Et couplée à l’Aquaforce 2000, une nouvelle unité mobile Aquaforce RO (Reverse Osmosis) permet de traiter l’eau saumâtre des contextes de crises.
Au Pakistan, à l'automne dernier, le déploiement de deux unités mobiles d’urgence Aquaforce 2000 de la fondation Veolia a donné lieu à des échanges avec les laboratoires du groupe Veolia pour résoudre un problème de goût de l'eau produite. Une démonstration de la chaîne d'expertise mise à disposition des humanitaires dans le cadre du réseau Veoliaforce.
D'autres innovations en France aident les personnes en situation de fragilité, comme des systèmes de lavage des mains à partir d'eau recyclée pour améliorer les conditions de vie dans les squats et les bidonvilles.
Réduire l’empreinte environnementale
Les interventions d’urgence ont aussi un impact sur l’environnement et les ressources naturelles qu’utilisent les populations locales. « Pour réduire cet impact, les initiatives ponctuelles ne suffiront pas : il faut passer à une démarche globale », affirme Thierry Vandevelde, délégué général de la fondation Veolia.
Dès 2012, des organisations françaises ont partagé des réflexions communes sur leur empreinte environnementale dans le Réseau Environnement Humanitaire qui réunit 250 membres.
D’ores et déjà Médecins Sans Frontières s’est engagé à réduire de 50% son empreinte carbone d’ici à 2030 et travaille à la réduction de son empreinte environnementale. Par exemple avec un projet de recyclage local des batteries qui sont utilisées dans les installations médicales d’urgence, prévoyant un premier audit des recycleurs à Nairobi au Kenya. De son côté, ReNewGies a construit un système de pompage de 600 m3 d’eau par jour qui utilise des panneaux solaires pour alimenter plusieurs villages près d’Alep en Syrie.
Et lorsque les populations déplacées sont installées dans des camps, le traitement des boues fécales est une obligation sanitaire pour éviter les épidémies. C’est pourquoi la Croix-Rouge autrichienne développe actuellement en Ouganda un prototype d’unité de traitement des boues fécales pour 20 000 personnes qui sera déployable en urgence.
Préserver l'eau potable dans les zones en crise
L’eau est encore plus précieuse dans les situations de crise. En Ukraine, l'Unicef est activement engagée depuis 2014 dans le Donbass pour piloter les réparations d’urgence de l’alimentation en eau potable et des réseaux de chauffage urbain. Dans la plupart des régions, les réseaux d'eau sont gigantesques (plusieurs milliers de km), et un incident en hiver par -10°C peut geler ces réseaux, entraînant le déplacement des populations. Dès février 2022, l’action de l’Unicef s’est centrée sur les familles déplacées et sur le maintien de leur approvisionnement en eau. Il faut désormais accompagner les Ukrainiens pour reconstruire les infrastructures. « Dans le cadre d’une coordination concertée avec le gouvernement ukrainien et les régies locales, l'Unicef promeut non seulement la reconstruction des réseaux détruits mais également leur amélioration par rapport à la situation d’avant le conflit », explique Sébastien Truffaut (Unicef) rentré d'Ukraine. Afin d'atteindre cet objectif, il insiste sur la pertinence des approches hybrides entre autorités locales, secteur humanitaire et secteur privé.
Au Liban, après l'explosion en août 2020 d’un site chimique dans le port de Beyrouth, 8 volontaires de la fondation Veolia ont recherché pendant 50 jours les fuites d’eau sur 220 km de réseau, qui étaient réparées dès le lendemain. Ils ont aussi transféré leurs compétences aux équipes locales, un point important pour pérenniser l'utilisation des outils de détection des fuites. De même, en Irak à Dohuk, les experts d'Action contre la Faim et d’Aquassistance ont formé les équipes locales à la recherche de fuite.
Alors comment surmonter le défi de la ressource en eau si, en 2050, 52 % de la population mondiale vit dans des conditions de stress hydrique ? Il faudra améliorer la gouvernance de l'eau pour mieux partager la ressource et réutiliser davantage les eaux usées.
Quelles organisations ont participé à cet événement ?
Les Ateliers WASH de l’humanitaire 2023 ont réuni au Campus Veolia de Lyon des représentants d’ONG (Médecins Sans Frontières, Croix-Rouge française, Croix-Rouge autrichienne, Comité International de la Croix Rouge, Solidarités International, ReNewGies, Secours Islamique France, Triangle Génération Humanitaire), d’agence onusienne (Unicef), des services de l’état (Sécurité Civile), d’associations (Partenariat français pour l’eau, Aquassistance), de fondations d’entreprises (Veolia), des centres de recherche (ETH Zurich, Département des expertises scientifiques & technologiques de Veolia) et de think-tank spécialisé dans l’action humanitaire (Groupe URD) ; ainsi que des experts métier sur les questions WASH (Water, Sanitation and Hygiene).
Pour en savoir plus
> Fondation Veolia : Ateliers WASH de l'humanitaire 2023 - 2e édition
> La fondation Veolia soutient, en France et à l’étranger, des projets d’intérêt général et sans but lucratif concourant au développement durable des territoires.
> Agir et s'engager pour la transformation écologique.