Jean-Christophe Levassor, directeur de La condition publique, Guillaume Josse, urbaniste du groupe Huit et de Wexity, Eric Lesueur, président de 2EI Veolia et David Ménascé, directeur du cabinet Azao et professeur à HEC, ont exploré les principaux risques auxquels les villes sont aujourd’hui confrontées et la manière dont elles se préparent à y faire face.
Alors que 70% de la population mondiale vivra en zone urbaine en 2050, les villes sont aujourd’hui confrontées à des risques majeurs : changement climatique, catastrophes naturelles, crises sanitaires, perte d’attractivité, déclin industriel, chômage, etc. Dans ce contexte, leur résilience - “capacité à se remettre des chocs et à poursuivre son développement” - devient un enjeu central des politiques urbaines.
Il ne s’agit plus de prévoir l’imprévisible, mais de se préparer à y faire face
Nicolas Renard, directeur de la Prospective de l’Institut Veolia, a introduit la conférence en rappelant que la densité démographique et les échanges humains augmentent la vulnérabilité des villes. Les territoires urbains concentrent ainsi les chocs imprévisibles, les catastrophes naturelles ou technologiques et les stress chroniques qui affaiblissent le tissu social et économique.
Intégrer toutes les parties prenantes, renforcer la cohésion et nouer des partenariats
Trois intervenants ont présenté leur contribution, dans différents contextes, à l’amélioration de la résilience des villes.
Comme l’a rappelé David Ménascé, la « résilience urbaine » s’appuie sur quatre composantes : un cadre stratégique d’action, un processus de réparation clairement défini, un modèle économique viable pour financer les solutions et un état d’esprit des populations pour soutenir les initiatives.
La revue de l’Institut Veolia, parue à l’occasion de la conférence - rassemble analyses et exemples autour de trois thématiques :
- Accroître la résilience impacte le développement des villes
Dans les villes d’Afrique subsaharienne, la résilience urbaine s’étend non seulement aux risques (technologiques, terroristes, alimentaires), mais aussi aux stress chroniques (vieillissement, effritement du lien social par accroissement rapide de l’urbanisation, etc.), et s’accompagne d’une approche communautaire de la gestion des risques. Dans les pays développés, les villes en décroissance démographique et économique (shrinking cities), comme la ville de Détroit, repensent leur gouvernance pour plus de résilience. En Europe, mieux coordonner les populations réfugiées dès leur arrivée, par l’accès au logement et la participation citoyenne, augmente la résilience des villes d’accueil, comme le montre l’exemple de Hambourg.
- Accroître la résilience par différentes stratégies innovantes
Les villes « vertes », plus responsables sur le plan environnemental, sont plus attractives et plus résilientes car elles s’appuient sur une économie dynamique et un environnement urbain vert et inclusif. L’urbanisme résilient privilégie des projets plus petits basés sur des « flux faibles» , où les distances sont réduites et les mobilités moins nombreuses. A partir d’initiatives citoyennes, l’acculturation des populations aux risques leur permet de mieux réagir aux catastrophes naturelles. Par exemple, en cas de crise (catastrophe naturelle, attaque terroriste, etc), des groupes sur Facebook permettent aux citadins de s’organiser pour optimiser les opérations de secours et rendre la résilience plus collaborative.
- Accroître sa résilience devient une opportunité pour la ville
Lancée en 2013, l’initiative 100 Resilient Cities de la fondation Rockefeller, offre un soutien financier et l’accès à un réseau de ressources et de partenaires. Elle a déjà permis de créer 90 postes de « directeur de la résilience » et d’élaborer 40 stratégies de résilience urbaine. De nouveaux outils comme les Resilience Bonds permettent de financer la réduction des risques en amont et les actions post-catastrophe.
Cette conférence fait suite au Colloque sur les territoires résilients organisé en 2017 par La Fabrique de la Cité et l’Institut Veolia, au Centre Culturel de Cerisy-la-Salle.